1. Présentation Q : À qui s'adresse ce document ? R : À tous les constructeurs et distributeurs de matériel électronique. Q : Qu'est-ce que GNU/Linux ? R : GNU/Linux est un système d'exploitation multiutilisateurs et multitâches qui peut être installé sur un très grand nombre de plates-formes différentes (Intel x86, PowerPC, Alpha, SPARC, ARM, etc.). La caractéristique la plus importante de ce système d'exploitation, outre ses qualités techniques et sa notoriété grandissante, réside dans le fait que GNU/Linux est un assemblage de Logiciels Libres. Ainsi dans ce document on mentionnera souvent le système GNU/Linux, essentiellement parce que les problématiques abordées touchent actuellement nombre d'utilisateurs de ce système. Mais ces problématiques sont valables pour tous les systèmes d'exploitation. Q : Quelle est la différence entre «Open Source» et «Logiciel Libre» ? R : L'Open Source met l'accent sur la gratuité et l'efficacité des développements informatiques, lorsque les fondations du mouvement du Logiciel Libre sont la liberté et la protection de la liberté des utilisateurs. Un logiciel Open Source doit avoir ses sources disponibles et utilisables par tous sans restrictions. Pour qu'un logiciel soit un Logiciel Libre, il doit satisfaire quatre conditions. Ces quatre conditions sont les quatre libertés du Logiciel Libre : 1. La liberté d'exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0). 2. La liberté d'étudier le fonctionnement du programme, et de l'adapter à vos besoins (liberté 1). Pour ceci l'accès au code source est une condition requise. 3. La liberté de redistribuer des copies, donc d'aider votre voisin, (liberté 2). 4. La liberté d'améliorer le programme et de publier vos améliorations, pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3). Pour ceci l'accès au code source est une condition requise. Q : Qu'est ce qu'une licence libre ? R : On désigne dans ce document sous le terme générique de licence libre une licence correspondant soit aux licences Logiciel Libre (dont une liste est [26]disponible sur le site de la FSF) soit aux licences Open Source (dont une liste est [27]disponible sur le site de l'Open Source Initiative). Les licences Logiciel Libre correspondent aux critères explicités dans la [28]définition du Logiciel Libre. Les licences Open Source correspondent aux critères explicités dans la [29]définition de l'Open Source. En raison des postulats fondamentaux différents du mouvement du Logiciel Libre et du mouvement Open Source, ces listes ne sont pas strictement identiques bien qu'elles se recoupent en grande partie. Dans les deux cas, déterminer si une licence est conforme à la définition demande un travail conséquent qui requiert à la fois une compétence juridique et une compréhension de la philosophie de l'un ou l'autre mouvement. Pour cette raison, ces deux listes sont une référence très précieuse et il est rare qu'un individu ou entrepreneur entreprenne la rédaction d'une nouvelle licence libre. Q : Qu'est ce qu'une licence non libre (ou propriétaire) ? R : On désigne dans ce document sous le terme générique de «licence non libre» une licence qui requiert de façon systématique une transaction avec le détenteur de la licence pour toute opération concernant le logiciel. Il s'agit d'abord de son utilisation, le plus souvent conditionné au versement d'une somme d'argent. Par exemple Windows est un logiciel diffusé sous une licence non libre. Ces licences interdisent aussi la copie, l'étude du fonctionnement du logiciel, sa modification ou une combinaison quelconque de ces possibilités. 2. Considérations générales Q : Est-il utile que mes produits soient supportés sous GNU/Linux ? R : Cela augmentera les ventes. Le marché actuel est conséquent et son potentiel est énorme. GNU/Linux est le seul système d'exploitation qui progresse face à tous ses concurrents. Ce système a les faveurs de nombreux informaticiens qui agissent en prescripteurs lors des achats de matériel informatique. Il est désormais soutenu commercialement et financièrement par les plus grands constructeurs (SUN, IBM, DELL, HP, etc.). Plusieurs gouvernements envisagent d'utiliser les Logiciels Libres comme norme pour leurs administrations respectives (France, Pologne, Argentine, Chine, etc.). Q : Mes clients me réclament des pilotes (drivers) pour Linux, que puis-je faire ? R : Les choix possibles sont : * annoncer que le matériel n'est pas supporté * développer les pilotes (drivers) à vos frais et les distribuer sous la forme de binaires, gratuitement ou moyennant une somme modique. La licence utilisée le plus couramment dans ce cas permet la copie et l'utilisation sans frais mais n'autorise pas la modification ni l'étude du logiciel. * diffuser publiquement les spécifications d'interface du matériel, permettant ainsi à des tierces parties d'entreprendre l'écriture et la diffusion de pilotes à leurs frais. * développer les pilotes (drivers) et les distribuer sous une licence libre. Cette approche permet d'assurer la disponibilité rapide des pilotes et de partager avec des tierces parties (entreprises ou individus) l'effort de maintenance, de debuggage, de documentation et de portage. Dans ce modèle il est crucial pour une entreprise de choisir une licence qui garantit que des améliorations aux pilotes seront distribuées selon les mêmes termes afin qu'un concurrent ne puisse s'approprier exclusivement les modifications qu'il finance. * publier des pilotes (drivers) «mixtes» Il s'agit de publier une partie du logiciel [30]selon la logique précédente, et de fournir le reste du pilote sous forme binaire et sous licence non libre ([31]voir la seconde alternative). Cela permet l'accès aux fonctionnalités de base ainsi que la réalisation de l'interface avec le système d'exploitation grâce à des Logiciels Libres, adaptables aux évolutions du reste du système. Certaines fonctionnalités «avancées» restent, elles, cachées dans des modules exclusifs figés, qui n'ont pas besoin d'évoluer avec le reste du système. Cela fournit une solution dans le cas où une partie de la «propriété intellectuelle» du produit provient de fournisseurs tiers qui exigent que leur partie soit diffusée sous une licence non libre. C'est le choix fait notamment par certains constructeurs de cartes graphiques. * diffuser publiquement les spécifications ET développer les pilotes (drivers) en les diffusant sous une licence libre. Cette situation est idéale pour le client. C'est également une très bonne configuration pour le constructeur, sauf cas particulier (voir «[32] Conseillez-vous la diffusion sous licence libre dans tous les cas ? »). Q : Puis-je espérer qu'une tierce partie développe spontanément les pilotes (drivers) ? R : Oui, en mettant librement à disposition les spécifications de vos produits et en faisant l'annonce. Des bénévoles (entreprises ou individus) pourront alors se charger des développements. Cette solution a cependant quelques inconvénients : * Le nombre de bénévoles intéressés sera aléatoire. * Les bénévoles travaillent à leur rythme. * Donc les pilotes (drivers) ne seront peut-être pas disponibles lors d'une échéance importante pour votre produit (salon, lancement commercial etc.). * Aucune vente ne peut être espérée avant la disponibilité des pilotes (drivers). * Aucun contrôle n'est exercé sur la qualité du logiciel obtenu. Q : Puis-je ne pas diffuser les spécifications de mon produit ? R : Oui. En développant et diffusant des pilotes (drivers) binaires. Les avantages à conserver les spécifications secrètes sont : * préserver l'avantage concurrentiel que représente la non divulgation des spécifications de l'interface. * masquer des faiblesses éventuelles. Les inconvénients sont : * se priver de l'aide et du soutien des utilisateurs pour la maintenance, * un déficit d'image auprès de la communauté du Logiciel Libre et de l'Open Source, * un effort de développement supérieur, * un marché limité aux plates-formes choisies pour le développement. Contrairement à d'autre systèmes d'exploitation, GNU/Linux fonctionne sur un grand nombre de plates-formes matérielles. Il est difficile de les tester toutes sans l'aide d'une communauté. De plus, les versions du noyau Linux apparaissent à un rythme plus soutenu que celles des autres systèmes d'exploitation. GNU/Linux n'est pas le seul système d'exploitation diffusé sous licence libre. Si les autres peuvent sembler négligeables en part de marché, il n'en existent pas moins, et leurs utilisateurs souhaitent également disposer des ressources nécessaires au bon fonctionnement de leurs machines. Enfin, comme l'explique Eric S. Raymond, fondateur du mouvement Open Source, dans son article [33]The Magic Cauldron : «pendant que la concurrence étudie votre matériel, vous travaillez sur la génération suivante». Le rythme actuel du développement électronique rend inefficace la pratique du clonage se basant sur les spécifications de l'interface. Q : Distribuer les pilotes sous licence libre et diffuser les spécifications représente-t-il un manque à gagner ? R : Dans votre cas le logiciel n'est pas votre produit, c'est un service. Votre produit est le matériel. La production de pilotes (drivers) logiciels par les constructeurs électroniques est un phénomène récent. Auparavant les constructeurs diffusaient la SIM, à charge aux développeurs des systèmes d'exploitation ou aux utilisateurs de concevoir les pilotes (drivers). Cette façon de procéder n'était pas satisfaisante car elle impliquait que les pilotes (drivers) d'un même matériel soient développés plusieurs fois par les différents clients, ce qui est techniquement et commercialement inefficace. C'est donc sous la pression de leurs clients que les constructeurs ont pris à leur charge le développement des pilotes (drivers). Ce nouveau système présentait cependant un autre défaut : il favorisait la création de monopoles qui exerçaient ensuite des pressions insupportables sur les clients comme sur les fournisseurs. Aujourd'hui, depuis qu'Internet facilite la diffusion des projets et que les licences libres en garantissent l'accessibilité et l'évolution, la prise en charge n'a plus besoin d'être aussi importante pour les constructeurs. Q : Quels sont les avantages des Logiciels Libres, de l'Open Source ? R : Les utilisateurs peuvent adapter le logiciel, qui reste ainsi en adéquation avec leurs besoins. Les petits défauts frustrants peuvent être corrigés, des idées nouvelles apparaissent. Les pilotes (drivers) sont intégrés, distribués et installés avec le système d'exploitation GNU/Linux. La prise en charge du matériel ne demande pas d'étape d'installation logicielle de la part de l'utilisateur, son confort est accru. La disponibilité sous une licence libre rassure l'utilisateur sur la pérennité du produit. En cas de défaillance du fournisseur, les pilotes (drivers) peuvent continuer à évoluer. Dans la décision d'achat, c'est une garantie supplémentaire pour le client, donc un argument de vente pour le constructeur. Q : Est-ce que je risque des pressions de la part d'éditeurs de systèmes d'exploitation influents ? R : Certains ont une notion égocentrique de la libre concurrence. À ce jour aucun cas de ce genre n'a été signalé. Q : Où puis-je en apprendre plus sur le Logiciel Libre et l'Open Source ? R : Vous pouvez contacter les structures suivantes : * [34]AFUL * [36]Free Software Foundation (FSF) France Vous pouvez consulter les sources suivantes : * [38]Free Software Foundation (FSF) * [39]Open Source Initiative 3. Précisions Q : Mes développeurs ne sont pas formés à Linux. Que faire ? R : Il y a plusieurs solutions : * les former * en recruter de nouveaux qui aient ce champ de compétence * s'adresser à des sociétés de service spécialisées Une [40]liste de sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) francophones spécialisées dans les Logiciels Libres ou l'Open Source est disponible sur le site de l'[41]AFUL. Q : Conseillez-vous la diffusion sous licence libre dans tous les cas ? R : Non. * Les produits bas de gamme n'ont pas forcément intérêt à étaler au grand jour leur médiocrité. Un pilote (driver) binaire peut alors sembler plus approprié. * Les mouchards logiciels, les fonctions cachées craignent aussi la lumière. Ce cas est un des critères qui inclinent les entreprises et les gouvernements à choisir les constructeurs qui optent pour la transparence. Q : Quelles sont les licences existantes ? Quelle est la mieux adaptée ? R : Beaucoup de licences informatiques existent déjà. Vous pouvez les utiliser pour le développement de vos pilotes (drivers). Créer et maintenir une nouvelle licence est généralement une perte de temps et complique la tâche des développeurs qui décident de travailler sur vos développements. Les licences les plus connues sont la GNU General Public License (GPL), la GNU Lesser General Public License (LGPL), les licences BSD et la Mozilla Public License (MPL). Pour plus de détails, vous pouvez consulter la [42]liste des licences établie par la Free Software Foundation, ainsi que la [43]liste des licences établies par l'Open Source Initiative. En règle générale, on préférera toujours la GPL lorsque rien ne s'y oppose. Si des contraintes indépendantes de votre volonté rendent ce choix impossible, le mieux est de contacter l'une des associations citées plus haut pour exposer votre cas précis. Les facteurs déterminant le choix d'une licence sont nombreux et de grande conséquence : en discuter est le meilleur moyen de trouver la solution adaptée. Q : Que font les autres constructeurs d'électronique (diffusion des spécifications, source des développements) ? R : ATI, Creative, Epson, HP, IBM, Intel, Kodak, Matrox (entre autres) fournissent les spécifications d'une grande majorité de leurs produits. De plus ces constructeurs prennent en charge (en totalité ou en partie) le développement des pilotes (drivers) de leur matériel. Enfin, ces constructeurs publient (en totalité ou en partie, voir «[44] publier des pilotes (drivers) mixtes ») leurs pilotes sous une licence libre. Ce positionnement leur assure ainsi une couverture totale du marché tout en assurant le meilleur support possible pour leurs produits. Les constructeurs suivants fournissent uniquement des versions binaires (sous licence non libre) de leurs pilotes (drivers) mais pour un grand nombre de systèmes d'exploitation, dont GNU/Linux : Lexmark, NVidia, Olitec. Ces constructeurs satisfont un grand nombre de consommateurs. Mais en se privant de l'aide des développeurs des communautés du Logiciel Libre et de l'Open Source, ces constructeurs doivent fournir un travail plus important pour rester à jour avec les nouvelles versions des systèmes d'exploitation sur lesquels fonctionnent leurs produits. Un problème inhérent à ce type de pilotes (drivers) est leur manque de «modularité». En effet étant généralement des modules pour noyaux ils peuvent causer des erreurs sur la machine entière s'ils sont mal conçus. Ainsi les éditeurs de distributions et systèmes d'exploitation hésitent à mettre des modules qui risquent d'entraîner une grosse charge pour leur support. On pourra prendre pour exemple les modules NVIDIA pour GNU/Linux, qui malgré leurs performances reconnues, ne sont pas inclus dans les outils de configuration de la distribution GNU/Linux de [45]Mandrake (8.0). En conclusion, avec une telle approche, les constructeurs peuvent avoir l'impression de faire du travail pour rien. Les sociétés suivantes, quant à elles, ne fournissent des pilotes (drivers) que pour un nombre très restreint (voir unique) de systèmes d'exploitation : Guillemot, Hercules, Canon. Ces constructeurs limitent le marché qu'ils souhaitent couvrir et ternissent l'image de leur marque. Q : Existe-t-il des programmes de certification ? R : Oui l'[46]Open Hardware Certification Program. C'est une initiative récente, mais qui regroupe déjà un grand nombre [47]d'affiliés. Q : À quoi correspondent ces images de pingouins, dans la presse informatique et sur Internet ? R : Le pingouin est la mascotte du noyau Linux. Cette image se retrouve partout sur Internet car les utilisateurs et les sites web utilisant GNU/Linux y sont très nombreux. Q : Puis-je utiliser le logo du pingouin librement ? Où le trouver ? R : Oui vous pouvez l'utiliser librement. Vous pouvez même utiliser librement une version que vous aureez modifiée. [48]Linux Online référence les différents [49]logos Linux, le pingouin original et ses dérivés. Q : Pourquoi dit-on parfois GNU/Linux ? R : GNU est un projet de système d'exploitation entièrement Logiciel Libre initié par [50]Richard M. Stallman en 1984. Le noyau Linux dont la création a débuté en 1991 est le dernier composant qui a permis d'aboutir à un système d'exploitation autonome entièrement composé de Logiciel Libre. GNU/Linux est donc la conjonction du projet GNU et du noyau Linux. C'est cet ensemble qui est aujourd'hui diffusé par Debian, RedHat, Mandrake etc. Il existe d'autres noyaux tels que Hurd qui permettent de composer un système d'exploitation GNU/Hurd ou autre. Conclusion Les constructeurs ont fortement intérêt à publier les développements de leurs pilotes (drivers) sous licence libre, et ce, quel que soit le système d'exploitation ciblé. Les constructeurs ont également intérêt à réaliser eux-mêmes ces développements, au moins dans leur version initiale en raison de : * leur meilleure connaissance du produit * leur besoin d'en assurer la qualité * la nécessité de disponibilité dès le lancement commercial * l'ascendant que prend naturellement l'initiateur d'un projet sur sa libre évolution Mais la mise sur le marché d'un produit ne signifie ni la fin de la vie de ce produit, ni l'arrêt des développements et des services qui l'entourent. Une fois initiés, les développements de pilotes (drivers) gagnent aussi à être maintenus selon le modèle libre. En effet, la maintenance selon le modèle libre : * permet de bénéficier des améliorations apportées par les utilisateurs * permet la compatibilité du produit avec une gamme de matériel et de systèmes d'exploitation considérablement plus étendue * améliore l'image du produit et de son constructeur auprès de la communauté des informaticiens * diminue les coûts de maintenance du projet * rassure les acheteurs et les décideurs en enlevant les craintes liées à d'éventuelles fonctionnalités cachées du produit (cheval de Troie, porte dérobée, etc.) Comme nous l'avons vu, ce mode de fonctionnement apporte de réels avantages concurrentiels, tout en améliorant la qualité des services proposés. _______________________________________________ Fsfe-france mailing list address@hidden http://mail.gnu.org/mailman/listinfo/fsfe-france