Re: [Fsfe-france] Assemblée nationale : fichiers audio

[Antoine]

Salut,

> Effectivement mais si tu lis l'avant projet de loi et que tu y ajoutes
> notre patche citoyen, normalement, tu peux contourner ou supprimer la
> partie passive d'une mesure technique de protection et diffuser tout
> logiciel de ta création qui permettrait de le faire car un format ou un
> protocole ne peut être une mesure technique de protection en tant que
> tel.

Ce n'est pas suffisant. Tu fais la supposition que tout format de DRM
a une faille quelque part. Le jour où il n'y a pas de faille, ou la
faille est complexe et coûteuse à exploiter, c'est foutu. Si un jour
des oeuvres ne sont plus diffusées que sous format numérique, la
chaîne peut être totalement sécurisée et inviolable (à moins d'aller
cracker les serveurs de certificats de Microsoft & co...). Ton patch
citoyen est juste une incitation à la bidouille afin de surnager le
plus longtemps possible, et de plus en plus péniblement, au milieu
des crocodiles.

A mon avis il ne faut pas promouvoir des exceptions mais bel et bien
l'obligation, pour le diffuseur du médium physique, de rendre le droit
de copie privée exerçable par l'utilisateur dans des conditions 
raisonnables (pas de dégradation du support, pas d'enregistrement
de données personnelles, etc.). Passer son temps à jouer au chat et
à la souris pour exercer ses droits personnels n'est pas une perspective
réjouissante.

> Le droit de divulgation de l'auteur-développeur, est un droit moral que
> tu peux rattacher directement à la liberté de création, liberté
> fondamentale concommitante à la liberté d'expression et de pensée.

L'argument ne tient pas debout à mon avis. De même qu'il y a des 
restrictions à la liberté d'expression, on peut très facilement
imaginer des restrictions à la liberté de création. En tout cas
si tu mets les deux sur le même plan il n'y a aucune contradiction
d'ordre logique.

> Oui - J'étudie actuellement certains standard du W3C comme P3P. 
> 
> Que pensez vous de cette spécification ?

C'est une mystification tendant à faire croire à l'internaute que,
parce qu'une société X affirme la main sur le coeur ne pas réutiliser
des données perso, elle est vraiment honnête. Or on sait qu'il est
très difficile de prouver le contraire. En pratique, un brouteur
équipé P3P (c'est le cas d'IE 6 par défaut) :

- laissera passer les cookies des sites Web ayant pris le temps de
remplir un stupide XML qui ne prouve rien sur leurs pratiques réelles

- bloquera les cookies de sites n'ayant pas rempli le dit XML, même
si leur utilisation des cookies est honnête

Comparons avec Mozilla où serait paramétrée par l'utilisateur la 
politique suivante de bon aloi :

- ne laisser passer que les cookies envoyés par le site original
(celui d'où vient le HTML, pas les images affichées par des
domaines tiers)

- forcer tous les cookies à expirer au bout d'un mois, une semaine,
voire à la fin de la session.

Le P3P consiste à enlever insidieusement le contrôle de l'utilisation
des données personnelles aux internautes, pour donner les rênes de
ce contrôle aux sociétés commerciales susceptibles d'exploiter ces
données. Au contraire, l'attitude Mozilla affine et renforce la
maîtrise de l'utilisateur sur la diffusion (sélection des sites)
et l'exploitation possible (limitation de la durée de vie donc
des opportunités de recoupement) de ses données personnelles. C'est,
au final, le même fossé paradigmatique creusé par l'apparition de
Palladium....

Notons enfin que P3P ne peut rien contre les fuites de données
personnelles à l'insu des sociétés les détenant (serveurs mal
protégés... cf. Kitetoa). Là encore le même présupposé que les
entreprises sont non seulement honnêtes, mais infaillibles.
Double mystification.

Voir http://zdnet.com.com/2100-11-521706.html?legacy=zdnn

Amicalement

Antoine.