Re: [Fsfe-france] Emission sur LCP

[Christophe Espern]

address@hidden wrote:

> Quant à l'impact "sur" pascal Nègre, Christophe on te fait 100%
> confiance malgré ton vieil âge.

Je te remercie pour tes encouragements et j'en profite pour faire un
compte-rendu. C'est [LONG] et forcément subjectif.

L'émission a duré environ une heure, était enregistrée dans des
conditions de direct. Elle alternait reportages et discussions entre
intervenants.

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I - Les reportages
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Si mes souvenirs sont bons, il y a eu :

- un micro-trottoir "a votre avis, qu'est ce qu'on risque à télécharger
illégalement ?" suivi d'un sujet sur "ce qu'on risque vraiment"
- un autre sujet, "le P2P : comment ça marche ? Pourquoi c'est dur de
l'interdire ?"
- un reportage sur "peux t-on identifier les pirates ?".
- un autre : "Je télécharge des films sur le P2P, je les grave,
j'imprime les pochettes et je porte un masque noir quand on m'interviewe
: qui suis-je ? Zorro ? Un jeune ? Un pirate ?"
- et un reportage sur ces étranges artistes comme Bjork ou Bowie, qui
ont des fans et propose de la musique gratuite et payante sur leur
propre site et qui, pour Bjork, incroyable, encourage les échanges de
remixs non officiels sur son forum.

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II - "La victime"
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- Pascal Nègre était là pour faire la victime et c'est ce qu'il a fait.
Il a sorti des chiffres magiques de son chapeau, a accusé le méchant
haut débit et soutenu mordicus que sur ecompil on peut faire des
transferts vers la plupart des baladeur MP3. Il a aussi expliqué que lui
n'était pour rien dans le prix trop élevé du CD. Pour lui, ça c'est la
faute à l'Europe qui veut pas baisser la TVA. Il dit que sa part à lui,
elle est trop faible pour faire un effort.

Rien de bien nouveau donc si ce n'est cette histoire de baladeur MP3 et
d'ecompil qui semble bien le gratter.

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III - Les élus
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- Pour Janelly Fourtou, député européenne (PPE), je me contenterais de
constater qu'elle a dit elle même pendant l'émission qu'elle travaille
sur des sujets tellement techniques qu'elle préfère ne pas en parler.

Devant quand même intervenir, Mme Fourtou a voulu rassurer puisqu'elle a
dit que les directives européennes avaient pour objectif d'harmoniser à
minima mais que les Etats Membres pouvaient prévoir des mesures plus
sévères si ils le souhaitaient. Quand on connaît la finalité du projet
de directive "IP Enforcement" et que l'on a suivi l'évolution des
amendements proposés par Mme Fourtou, on est pas forcément rassuré.

- Patrick Bloche, député français (PS), a lui rappellé que l'on ne
peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre au sujet de la redevance
sur la copie privée. Il a donc signalé que le député Malthus (PS) avait
déposé un projet de loi visant à faire interdire les dispositifs qui
empêchent la copie privée. Comme l'avait signalé Ludovic Pénet sur cette
même ML, Patrick Bloche partage nombre de nos positions.

Pour les trolleurs, quand Patrick Bloche a évoqué la problématique de la
LEN et la disparition du juge comme garant de la liberté d'expression,
j'ai simplement confirmé qu'il était génant de voir l'arbitre
disparaître. J'ai rappelé que les hébergeurs et les FAI eux même ne
souhaitaient pas devenir des censeurs aux ordres des producteurs.

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IV- "Les djeunz"
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- Audrey Sillam, étudiante en DEA Info Com, qui étudie les motivations
des "pirates" et non "l'impact du piratage" comme je l'avais dit
précédemment, a rappellé que la gratuité n'était pas la seule motivation
des utilisateurs de réseaux P2P et qu'il y avait aussi l'idée
d'appartenance à une communauté. Ils semblent ainsi que, le soir au fond
des bois, "les djeunzs" invoquent l'esprit des "pionniers d'Internet".

Audrey a aussi indiqué que "le djeunz" n'avait pas l'impression de
voler en échangeant de l'immatériel.

- Antoine Drochon, de Vivre le net, a lui expliqué que les djeunz
utilisent aussi le P2P parce que c'est facile et que ça marche bien avec
un baladeur MP3. Il a ensuite rappellé que la téléphonie et les DVD
avait pris des parts à la musique dans le budget des djeunz. Il a cité
un article qui expliquait que certains titres en WMA proposés par
ecompil étaient de plus mauvaise qualité que ceux téléchargés en MP3 sur
des réseaux P2P. Pascal le magicien a alors dit que ce djeunz était de
mauvaise foi.

A la question "pensez vous que les dispositifs techniques puissent être
efficaces contre les djeunz", Antoine a répondu non, ajoutant que
c'était une perte de temps.

- Terry Leird, musicien, DJ et producteur, a commencé en rappellant que
quand il était petit, il s'échangeait des jeux vidéos avec ses copains
et que la règle était "quand un jeu te plaît tu l'achètes". Il a dit que
pour lui Internet était un outil de promotion et qu'il pensait que les
gens achètaient les CD des artistes qu'ils aiment. Il a aussi indiqué
que quand il avait essayé des copier des CD normalement incopiables, il
n'avait pas eu de problèmes notables.

- Pour ma part, "a la question, a votre avis pourquoi, il font du P2P
les djeunz ?", j'ai rappellé que Internet est par essence un réseau
décentralisé ou tout internaute peut recevoir mais aussi émettre de
l'information. Le fait que 8 millions de personnes d'après le CREDOC
aient déjà utilisé des réseaux P2P pour échanger de la musique ne fait
que rappeller cette fonctionnalité originale.

J'ai bien entendu parlé de l'exception de copie privée, du fait que l'on
paye pour cela, du fait que l'on peut faire des copies sur tout support,
vers tout périphérique et avec n'importe quel logiciel. Et c'est
pourtant bien cela que les producteurs veulent empêcher.

J'ai dit aussi que personne autour de cette table ne remettait en cause
le fait que les artistes devaient gagner leur vie. Simplement, il n'y
pas eu de débat public suffisant sur ce sujet puisqu'il existe d'autres
mécanismes pour rémunérer les artistes comme la licence légale ou 
l'extension de la redevance. J'ai aussi essayé de rappeller à Pascal 
Nègre que le montant de la redevance copie privée va exploser dans les 
prochaines années alors qu'il essayait de minimiser le chiffre de 135 M 
d'euros.

A la question, "peux t-on contrôler les djeunz techniquement ?", j'ai
dit que combattre la technique par la technique était voué à l'échec et
que donc, comme Antoine Drochon, je pensais que les dispositifs
anti-copie étaient inutiles. A son "c'est une perte de temps", j'ai
ajouté "et d'argent".

Sur l'identification, j'ai essayé de faire comprendre que tout ce qui
allait se passer c'est que "les djeunz", ben y vont s'enterrer dans la
Matrix ;) J'ai notamment parlé du logiciel Waste pour expliquer que l'on
peut créer un réseau P2P entre amis intégralement crypté et que, à
part la police, personne ne peut écouter sauf à risquer d'être poursuivi
pour fraude informatique.


A +

Christophe