fsfe-france
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[Fsfe-france] Interview


From: Loic Dachary
Subject: [Fsfe-france] Interview
Date: Sun, 30 Sep 2001 12:52:51 +0200

        Bonjour,

        Suite à une Interview une personne a décrit le contenu et
demandé commentaires/avis/conseils sur l'argumentaire, le discours
Logiciel Libre en général. Les phrases quotées sont de la personne
interviewée.

> Q: points forts de Linux (logiciels libres, GNU/Linux...)
>    -> mode de développement, partage du savoir, des connaissances...

        Je dis souvent en premier : liberté de faire ce que l'on
        veut, pour un particulier bien sur, mais aussi pour une entreprise
        qui voudrait monter une activité commerciale ou un gouvernement qui
        cherche à développer une expertise logicielle nationale et une
        infrastructure indépendante. La seule chose interdite c'est de
        supprimer les libertés ;-)

        Introduire entreprises/gouvernements à ce stade montre bien que
        ce n'est pas un rêve d'illuminé, que la liberté est créatrice de
        richesses pour tous. La question qui suit habituellement est : "si 
        c'est tellement merveilleux, pourquoi tout le monde ne l'adopte pas ?".
        Parfois je répond : "la démocratie aussi c'est merveilleux, mais elle
        ne s'est pas imposée naturellement face à la monarchie ...". 

>    -> sécurité à cause du source ouvert (pas de backdoors...)

        Il y a un problème à présenter cela sous cet angle seulement.
En effet, avoir la permission de regarder les sources ne suffit pas à
résoudre les problèmes de sécurité. Il faut que cela soit associé à une
dynamique qui permet de corriger les bugs ce qui nécessite de pouvoir
librement modifier, utiliser, étudier et distribuer le logiciel. En théorie
il est possible de voir les backdoor si l'on dispose d'un accès limité au
code source. Mais les gens en général ne sont pas du tout motivées à étudier
un code source sous cet angle s'ils n'ont pas la liberté de faire ce qu'ils
veulent avec. L'aspect sécurité du Logiciel Libre est indiscociablement
lié à l'accès au code source + les libertés. 

>    -> robustesse (ça il savait) mais il faut patcher comme windows
>       (il était surpris)

        :-) J'imagine que certaines personnes pensent qu'un logiciel
robuste signifie qu'il ne contient aucun bug. Etrange quand on y pense : 
oui mon logiciel est *très* robuste, oui il contient des bugs.

>    -> confidentialité (je lui ai raconté comment j'ai trouvé des
>       mails dans un fichier .doc que j'ai reçu du service de presse )

        Je ne suis pas sur de comprendre le point, manque de détail sans
doute.

>    -> perrénité (on peut toujours engager une informaticienne pour 
>       continuer à utiliser
>       un programme important qui ne serait plus suivi par ses auteures
>       puisqu'on a les sources et que les informaticiennes compétentes
>       existent sur la planète)

        J'ajoute aussi qu'une solution peut être l'attente. Attendre
que quelqu'un reprenne la maintenance. Cela rassure les gens dont le
métier n'est pas de piloter/engager des développements logiciels. Sur
ce sujet il est aussi intéressant de faire le tour des facteurs qui
définissent la pérrénité d'un logiciel en général.

> Q: économique: c'est du bénévolat
>    -> pas nécessairement. Il existe des sociétés en France qui
>       développent du code pour de grosses entreprise [il faudrait
>       que je comprenne de mieux en mieux comment fonctionne
>       Alcôve,  Easteregg et Idealx pour répondre] en leur
>       expliquant que c'est sous GPL avec avantage de perrénité
>       et disponible pour d'autres

        Il est aussi intéressant de souligner que la grande majorité
des développements sont fait à façon. Dans ce cas une personne dans
l'entreprise est rémunérée pour produire un logiciel qui correspond au
besoins immédiats. Le logiciel produit n'est absolument pas destiné à
faire l'objet d'un commerce, il peut alors être diffusé en Logiciel
Libre, cela ne fait aucune différence d'un point de vue purement
économique.

> Q: mais qui paye? La société assume tous les frais?
>    -> je ne sais pas tout mais je crois que oui pour ce qui la
>       concerne puis une autre soicété si d'autres développements

        L'idée qui sous tend la question est que le schéma de
développement d'un logiciel est : "investissement très lourd en
recherche et développement puis rentabilisation par vente de
licences". Il y a donc une question cachée qui est : "ce modèle de
création du logiciel est-il le seul ?".  Dans ce cas je commence par
dire (encore) que la grande majorité des développements dans le monde
sont suscité par un besoin spécifique et destinés à satisfaire ce
besoin spécifique. Pas du tout à investir à fond perdus dans l'espoir
d'une richesse future. Exemple, une société gérant des informations
géographiques va développer pendant plusieurs années un logiciel lui
permettant de mieux gérer son fond de cartes. Le modèle économique de
cette société est le commerce d'informations géographiques et
absolument pas le commerce autour d'un logiciel. Le logiciel produit
lui est nécessaire et lui permet d'exercer son activité. Si elle le
diffuse en Logiciel Libre, cela ne fait pour elle aucune perte de
valeur, l'investissement est rentabilisé. Ce schéma, loin d'être
unique, correspond à la majorité des cas. Prenez les banques, les ISP,
les assurances etc. etc.

>    -> des personnes font du logiciel libre au niveau privé comme
>       d'autres sont actives pour des villes piétonnes ou autre,
>       par conviction

        Un élément qui frappe l'imagination est d'appuyer sur
l'absence de séparation entre l'activité rémunérée et l'activité
hobbyiste. Un développeur chomiste continue à participer à son métier
sous la forme de contributions au Logiciel Libre. On échappe au
clivage stérile du chomiste qui abandonne toute activité liée à sa
proffession, se sent rejeté socialement, déprime parcequ'il est un
poids pour la société.

>    -> les motivations peuvent êtres variées, comme l'ego, l'idéal...

        J'inverse en général : "idéal, altruisme, ego...". Pour la
simple raison qu'un courant de pensé prétend que la satisfaction de
l'ego est la *seule* motivation pour faire du Logiciel Libre. Cela
suppose un certain mépris, une négation de l'attachement de nombreuses
personnes pour des valeurs humanistes.

> Q: croyez-vous que Linux va s'étendre et que faut-il pour cela?
>    -> je ne vois pas dans une boule de cristal et le monde de
>       l'économie a de la puissance

        On peut la appuyer sur la distinction entre un logiciel
particulier, le noyau Linux et le concept de Logiciel Libre. Et dire
GNU/Linux au passage.  Relever une fois la distinction Linux et
GNU/Linux (au début de l'interview par exemple) et systématiquement
dire gnulinux ensuite (comme un seul mot ça se dit très bien).

        Pour répondre je retournerais la question : pourquoi le
Logiciel Libre ne pourrait-il pas devenir la règle ? Qu'est ce qui
pourrait l'empêcher ? Pourquoi le Logiciel Libre, qui transforme une
richesse possédée par quelque uns en une richesse partagée par tous
serait-il autre chose qu'un mouvement de fond inévitable ? Nous avons
un indice à ce sujet: lorsqu'un Logiciel Libre apparait dans un
domaine particulier, il domine finalement tous les logiciels non
libres. Il ne s'agit pas d'une question d'excellence technique ou de
talent particulier de la part d'un auteur ou d'un groupe. Il s'agit
simplement du fait assez évident qu'un Logiciel Libre est inaliénable,
générateur d'un tissu économique riche car non contrôlable par un
acteur unique, qu'il donne une totale indépendance aux états, qu'il
permet à tous de s'instruire.  Autrement dit, on ne peut que
reconnaitre l'aspect globalement appauvrissant du contrôle exclusif
d'un individu ou personne morale sur un logiciel. Comment alors les
Logiciels Libres pourraient-ils ne pas s'étendre pour finalement couvrir
toute la palette des besoins ? 

        Ensuite on peut prendre un air sombre et désesperé pour
aborder les menaces légales. Les brevets logiciels, les législations
absurdes (SIAE en italie), les tentatives de certains éditeurs de
logiciels pour dire qu'associer des libertés à un logiciel ET les 
protéger est anticonstitutionel. Ce qui peut empêcher le Logiciel Libre
de s'étendre ce sont des législateurs aveugles ou mals conseillés qui
produiraient des lois interdisant le Logiciel Libre.

> Q: oui marketting, etc.
>    -> améliorer la convivialité de l'interface graphique (aujourd'hui
>       2 systèmes de fenêtrage différents, richesse de la diversité)
> Q: mais c'est incroyable tout ce qui se passe dans ce monde que
>      je découvre
>    -> augmenter le nombre de logiciels disponibles
> Q: les jeux?
>    -> je ne suis pas joueuse, mais sans doute aussi, cela se fait.
>    -> doit croître petit à petit; aujourd'hui, qqn avec un problème
>       windows a toujours une voisine qui peut savoir et aider,
>       ce qui est moins le cas pour LL

        Le domaine des jeux est de plus en plus propice à une économie
Logiciel Libre. Les jeux en ligne déplacent le modèle économique vers
des abonnements à des serveurs au lieu de ventes de licences. Dans ce
modèle les Logiciel Libre s'inscrivent très bien.

> Q: points faibles de Linux?
>    -> voir précédememnt
>    -> il est vrai que les programmeuses passionnées ne se préoccupent
>       pas beaucoup du click and clack bien que cela bouge aussi...

        Je ne sais pas ce qu'est le "click and clack" :-)

        A++,

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