Suite à l'article de Me Benoît de Roquefeuil paru dans JDNet le 22 octobre (http://solutions.journaldunet.com/0310/031022_juridique.shtml), je souhaiterai apporter quelques commentaires. Tout d'abord, la description concise des différences entre logiciels libres et propriétaires me semble être une des plus claires qu'il m'ait été donné de lire. Ensuite les résultats de l'étude Gartner Research me semblent tout à fait plausibles, bien que je n'accorde qu'une importance relative aux études et aux chiffres auxquels on peut faire dire ce que l'on veut. Par contre, je ne suis plus d'accord dès que l'auteur parle de licence GPL (http://fsffrance.org/gpl/gpl.fr.html) contagieuse. Outre le fait que le terme dénote un a priori négatif envers ce type de licence, l' auteur évoque les logiciels libres dans un contexte où on ne peut pas établir de comparaison avec le logiciel propriétaire : il est interdit d'en réutiliser le code source qui n'est, de toutes façons, pas disponible. Le logiciel libre devrait être envisagé selon un principe communautaire ou coopératif, profondément opposé au principe capitalistique suivit par une majorité d'éditeurs de logiciels propriétaires. Il est développé par des gens qui pensent que le progrès ne vaut que s'il est partagé par tous, et c'est pour protéger ce principe et prévenir des abus que la GPL a été mise au point. Libre aux sociétés commerciales d'assurer le développement de parties d'un logiciel libre lorsqu'elles ne sont pas satisfaites de la pérennité d'un de ceux qu'elles utilisent. Leurs seules obligations s'appliquant uniquement en cas de redistribution. Lorsque l'auteur de l'article évoque le "maquis juridique" des licences de logiciels libres, il omet le fait que ce même maquis existe en ce qui concerne les licences de logiciels propriétaires, et qu'il est même beaucoup plus touffu. En effet, chaque éditeur de logiciel propriétaire propose au moins une licence, voire une pour chacun de ses produits. Dans le cas du Logiciel Libre, différents projets utilisent fréquemment les mêmes licences. Le reste est un dialogue appartenant aux utilisateurs et développeurs de tous bords ; et aux stratèges marketing des logiciels propriétaires. - Comment reprocher aux logiciels libres de prêter/donner leur code source, alors que le monde du propriétaire ne laisse même pas au commun des mortels la possibilité d'un simple regard sur leurs secrets tellement protégés ? - Ou même le soit-disant manque de support, lorsque quiconque peut accéder à des tonnes d'informations sous forme de groupes de news, listes de diffusion, forums, assistance technique gratuite par courrier électronique ? Alors que le monde du propriétaire par contre fait payer la moindre question hors quota, et cela, lorsque la license propriétaire concernée ne lui permet pas simplement d'ignorer le problème ? Même les mises à jour sont aisées, rapides et dignes de confiance sur un ordinateur utilisant des logiciels libres, alors que le monde du propriétaire, le plus souvent, profite financièrement de chaque mise à jour, même lorsqu'il s'agit de sécurité. En outre, comparons combien de temps est nécessaire à une équipe de développeurs pour émettre un correctif vis à vis de la sécurité de leur logiciel dans chacun des mondes : libre et propriétaire ? Ceci, sans compter la bonne/mauvaise foi de chacun dans leurs déclarations respectives... - Parlons donc aussi des abus de certains éditeurs vis à vis des données personnelles des utilisateurs. Ne sont-ils pas majoritairement, sinon uniquement éditeurs de logiciels propriétaires ? Souvent ceci est perpétré sous couvert de licenses retord, dont les propos cachent des autorisations que les utilisateurs non juriste ne sont pas à même de comprendre. - Comment ne pas voir que la différence de fonctionnement de ces deux mondes ne permet pas de simples comparaisons basées sur des visions unilatérales ne comprenant que l'objectif de la productivité à court terme, ometant entre autres au passage l'idée de bénéfice commun et, par cela même, partagé ? - Pourquoi ne pas voir en la dispersion des ressources de développement et plus généralement des compétences en logiciels libres une forme de rapprochement des utilisateurs finaux ? Le développeur de votre logiciel préféré pourrait bien être votre voisin de palier. Il vous suffit de toquer à sa porte pour pouvoir résoudre votre problème et faire évoluer le logiciel libre. Les réponses pratiques aux dernières questions m'apparaissent évidentes, même si elles ne sont pas communément acquises pour cause, à mon avis, de manque d'information ou d'interêt. Cela ne devrait peut-être pas pour autant faire partie d'un débat soit-disant juridico-économique. J'aimerais, par contre, être éclairé sur ces questions juridiques posées sur la soit-disante difficulté d'exploiter les logiciels libres à cause de leurs licences. Encore une fois la question de l'utilisation du code ne se pose pas pour les logiciels propriétaires : il est presque COMPLÈTEMENT interdit de copier ; comme à l'école. Donnez moi ne serait-ce qu'un exemple concret où une licence de logiciel libre empêche ce qu'une licence de logiciel propriétaire permet. Si vous pouvez réaliser cette prouesse, je me charge, si vous le souhaitez, de vous montrer avec le même example les multiples avantages de la solution logicielle libre. La communauté du libre n'a rien à prouver ; elle vit par sa propore volonté, mais elle n'aime cependant pas qu'un avis soit émis à son encontre sans argumentation complète et impartiale. v0.4