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From: | Jean-Paul Smets |
Subject: | [Fsfe-france] Re: [Patents] Reponse du ministre de l'industrie par rapport aux brevets logiciels |
Date: | Fri, 14 May 2004 15:58:42 -0000 |
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Mon interprétation: C'est une réponse intéressante car le gouvernement annonce son intention de définir une limite à la brevetabilité. C'est une belle intention. Cependant, le gouvernement souhaite aussi que le traitement d'image, l'automatique ou le traitement du signal soient considérés comme "techniques" dont brevetables. Or, le traitement d'image, l'automatique ou le traitement du signal, ce sont des mathématiques et, parfois, un peu de psychologie comportementale. Rien que des mathématiques. Entre une branche des mathématiques et une autre, entre un usage des mathématiques dans un PC ou un usage des mathématiques dans une machine à commande numérique, la nature technique ou non des mathématiques ne change pas. Elle ne change pas plus lorsque le traitement du signal est utilisé pour calculer le prix d'options dans le secteur de la finance. Autrement dit, le gouvernement souhaite une chose et son contraire. Soit il ne s'en rend pas compte, soit il fait semblant de ne pas s'en rendre compte. JPS. Denis Chalon wrote: J'ai eu plusieurs fois une question concernant les coordonnées de la personne qui m'avait repondu au ministere. Je n'ai aucune entree particuliere la-bas. Je n'avais pas l'intention de donner son nom, lorsque son titre m'a choqué: Cette personne est juge et partie puisque elle fait partie de la sous-direction de la PROPRIETE INDUSTRIELLE, organisation qui a un intérêt direct à ce que les brevets logiciels soient autorisés. Il s'agit de Pierre Valla: Pierre Valla Ministère délégué à l'Industrie Sous-direction de la Normalisation, de la Qualité et de la Propriété Industrielle. Cordialement, Denis Chalon Le ven 14/05/2004 à 11:34, Bernard Lang a écrit :Qui a signé la réponse du ministère ? c.a.d. qui prend la responsabilité de ces propos ? c'est important, dans la mesure ou la situation actuelle résulte d'une volonté délibérée de la part d'un certain nombres d'agents de l'état de mentir aux décideurs politiques sur la nature réelle des textes proposés. Bernard On Fri, May 14, 2004 at 09:43:12AM +0200, Denis Chalon wrote:N'etant inscrit ni a l'AFUL, ni à la FSF, je me permet quand meme pour information de vous envoyer la reponse "officielle" du gouvernement quant aux brevets logiciels. J'ai envoyé une première lettre au ministère de l'industrie qui m'a répondu. Je vous fait part de leur réponse et de ma réponse qui reprend les arguments du ministère. Denis Chalon LA REPONSE DU MINISTERE: ------------------------Monsieur,Le projet de directive européenne portant sur la brevetabilité des inventions mises en ouvre par ordinateur n'a pas pour finalité d'étendre le champ de la brevetabilité, mais, bien au contraire, d'en préciser les limitations, tout en restant respectueux des accords internationaux auxquels nous adhérons.En Europe, une invention est brevetable si, relevant d'un domaine technologique, elle est nouvelle, implique une activité inventive et est susceptible d'application industrielle. Pour impliquer une activité inventive, une invention doit apporter une contribution technique. Ces critères sont bien plus restrictifs que ceux appliqués aux Etats-Unis, où, en l'absence d'exigence de contribution technique, la jurisprudence a pu étendre le champ de la brevetabilité aux logiciels et aux méthodes d' affaires, ce qui n'empêche cependant pas le logiciel libre de s'y développer. En Europe, un logiciel en tant que tel n'est pas considéré comme une invention brevetable : ne peut l'être qu'une solution technique innovante apportée à un problème technique, solution qui peut être mise en ouvre par des moyens matériels ou logiciels.Le droit d'auteur est une protection contre la copie servile de tout logiciel, innovant ou pas, mais n'interdit pas la reconstitution d'une invention ; seul le brevet permet à un inventeur de protéger ses droits vis-à -vis de compétiteurs, notamment des grandes entreprises. S'en remettre uniquement au droit d'auteur en matière de logiciel, c'est ouvrir pleinement aux grandes entreprises la possibilité, en s'appuyant sur leur puissance commerciale, de récupérer à leur profit sans rémunération les innovations des PME.Pour autant le gouvernement français souhaite cantonner le champ de la brevetabilité au domaine technologique qui est le seul pour lequel les critères de brevetabilité rappelés ci-dessus sont pertinents. C'est pourquoi le gouvernement n'est pas favorables au « brevet logiciel » tel qu'il a pu se développer aux Etats-Unis.La directive sur les inventions mises en ouvre par ordinateur a pour objectif de permettre l'élaboration d'une jurisprudence européenne unifiée sur la base de critères explicités de façon restrictive, ce qui devrait être accueilli favorablement par l'ensemble des acteurs économiques européens, notamment les petites entreprises et les développeurs indépendants. La proposition de directive poursuit en effet des objectifs de transparence et de clarté. En son absence, les effets négatifs du manque de transparence de la situation juridique actuelle, qui affectent essentiellement les PME, perdureraient et affaibliraient la position de l'Europe.Si des ambiguïtés étaient présentes dans le projet initial de directive élaboré par la Commission Européenne et avaient motivé des réserves de la France vis-à -vis de ce texte, les amendements proposés par la commission juridique du Parlement Européen permettent de les corriger dans le sens approprié, à l'instar de ce qui avait été proposé par le groupe de travail des représentants des Etats-membres de l'Union Européenne. Cependant certains des amendements votés par le Parlement Européen en septembre 2003 vont au-delà : leur formulation est incompatible avec les accords internationaux sur les droits de propriété intellectuelle, que tous les pays membres de l'Organisation Mondiale du Commerce se sont engagés à respecter.C'est pourquoi, tout en prenant en compte autant que faire se peut les préoccupations exprimées par le Parlement européen, la majorité des Etats-membres et la Commission Européenne estiment ne pouvoir retenir les dispositions qui excluraient de fait du champ de la brevetabilité des domaines technologiques tels que le traitement des images, le traitement du signal ou le contrà´le-commande de procédés, pour lesquels le développement de l'innovation repose largement sur la possibilité de la protection par brevets.Dans cet esprit, un projet révisé de directive devrait être prochainement validé en vue de sa soumission en deuxième lecture au Parlement Européen.Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'_expression_ de mes sincères salutations,Ministère délégué à l'Industrie Sous-direction de la Normalisation, de la Qualité et de la Propriété Industrielle.MA REPONSE: ----------- Monsieur, Merci pour votre réponse très fournie et le temps que vous avez passé à me répondre. Le mail n'est certainement pas la meilleure voie pour passer mes idées, aussi si vous avez un contact susceptible d'etre interesse par mes remarques, je vous serais gré de bien vouloir me laisser ces coordonnées. Je suis informaticien, travaille dans une PME française de 15 personnes et développe des logiciels industriels. Lors de mon experience professionnelle precedente dans une societe americaine, j'ai eu l'occasion de deposer un certain nombre de brevets logiciels (ce qui est bon pour les americains ne l'ai pas pour les europeens). De ma propre experience, il est clair que la brevetabilite des logiciels en Europe est la pire chose qui puisse arriver a notre marche informatique:Pour toutes les entreprises europeennes: A- Les entreprises europeennes n'ont pose aucun brevet logiciel en Europe B- Les entreprises americaines en ont pose des milliers (a moi tout seul, je suis responsable de 6 brevets logiciel en Europe qui heureusement pour le moment n'ont aucune valeur) Pour toutes les petites entreprises: C- Pas les moyens de faire breveter D- Pas les moyens de faire les recherches d'anteriorite E- Pas les moyens de payer des accords pour utilisation de license F- Risque de se faire attaquer pour utilisation illicite d'un algorithme evident Les textes actuels ne garantissent pas G- que des brevets comme le One-Click d'amazon.com ne puisse arriver en Europe (brevet evidents) H- que des brevets soient appliqués sur quelquechose de novateur: la recherche avec "user AND interface" sur l'Office Europeen des Brevets donnent des resultats inquietants. I- qu'une implementation differente puisse ne pas enfreindre le brevet J- que les milliers de brevets logiciels passés en Europe seront invalidés K- que les durées de validité des brevets soient adaptées au cycle de vie des logiciels Il est suicidaire pour les europeens d'autoriser les brevets logiciels tant que des garde-fous n'auront pas été pris pour répondre aux points G-K. C'est une aubaine pour les Etats-Unis que l'Europe autorise les brevets logiciels.Pour répondre à certains de vos points: "Le droit d'auteur est une protection contre la copie servile de tout logiciel, innovant ou pas, mais n'interdit pas la reconstitution d'une invention ; seul le brevet permet à un inventeur de protéger ses droits vis-à -vis de compétiteurs, notamment des grandes entreprises. S'en remettre uniquement au droit d'auteur en matière de logiciel, c'est ouvrir pleinement aux grandes entreprises la possibilité, en s'appuyant sur leur puissance commerciale, de récupérer à leur profit sans rémunération les innovations des PME."-> Lorsqu'une entreprise du secteur logiciel souhaite proteger sa propriete intellectuelle, elle garde le "code source" secret. Un concurrent souhaitant réaliser la meme chose va copier son IDEE mais va etre obliger de REECRIRE completement le programme. Cette nouvelle ecriture sera DIFFERENTE de la premiere, peut etre plus rapide, peut etre moins performante. Elle sera sans aucun doute innovante au sens ou elle n'est pas une pale copie. Celui qui a invente la voiture a depose un brevet sur UNE implementation d'une voiture et non sur le CONCEPT de voiture. Aujourd'hui le droit d'auteur protege parfaitement et completement une implementation d'un logiciel, breveter le logiciel reviendrait à breveter le service rendu par le logiciel, ou son idée ou son concept..."La directive sur les inventions mises en ouvre par ordinateur a pour objectif de permettre l'élaboration d'une jurisprudence européenne unifiée sur la base de critères explicités de façon restrictive, ce qui devrait être accueilli favorablement par l'ensemble des acteurs économiques européens, notamment les petites entreprises et les développeurs indépendants. La proposition de directive poursuit en effet des objectifs de transparence et de clarté. En son absence, les effets négatifs du manque de transparence de la situation juridique actuelle, qui affectent essentiellement les PME, perdureraient et affaibliraient la position de l'Europe."-> Je ne comprends pas en quoi la situation juridique actuelle affaiblit l'Europe. Elle est au contraire très confortable pour le secteur du logiciel comme vous le montre l'industrie francaise du logiciel: - Les éditeurs de jeux - Les Societes de Service - Les Patrons d'entreprise signataires de la petition anti-brevets"Cependant certains des amendements votés par le Parlement Européen en septembre 2003 vont au-delà : leur formulation est incompatible avec les accords internationaux sur les droits de propriété intellectuelle, que tous les pays membres de l'Organisation Mondiale du Commerce se sont engagés à respecter."-> Il serait intéressant de savoir ce qui dans leur formulation est incompatible. Ayant vu la liste des pays membre de l'OMC, il me semble que 90% de ces pays n'ont pas de brevets LOGICIEL, donc je serais interesse par la teneur de cette prise de decision de l'OMC nous imposant des brevets logiciels. -> quand bien meme cette decision aurait ete prise, il me semble quand meme que son application ne devrait se faire que 1: dans l'interet de l'EUROPE 2: dans l'interet de la planete Il me semble que ces deux conditions ne sont pas remplies pour les brevets logiciels."Dans cet esprit, un projet révisé de directive devrait être prochainement validé en vue de sa soumission en deuxième lecture au Parlement Européen."-> J'ai cru comprendre que le sujet des brevets logiciels allait etre passé en contournant le parlement européen et en utilisant le COREPER. N'étant pas au fait des mecanismes politiques europeens, plsu d'informations se trouvent dans ce lien: Conseil de l'Europe. Le prochainement signifiant le 17-18 mai, il est URGENT d'ATTENDRE. Les avocats de la propriété intellectuelle et les multinationales du logiciel sont les seuls à proner le brevet logiciel en Europe. Ils ont dans les deux cas des interets directs à ce que cela se fasse. Je vous remercie d'avoir apporté une reponse à mon precedent mail et vous prie d'agreer Monsieur, l'_expression_ de mes sentiments distingués, en esperant que la raison saura s'imposer devant les lobbys non-europeen |
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