Re: [Fsfe-france] hackers

[antoine moreau]

Le 9/23/05 4:52 AM, miluz a peut-être écrit (may be wrote) :

> Le mot "artiste" est aussi dur à définir, et à prononcer que celui de
> "hacker".. En cela ils se ressemblent. La seule définition d'"artiste"
> que je trouve acceptable, c'est quelqu'un qui produit tellement qu'il ne
> peut plus passer inaperçu. Qui devient connu, et reconnu comme tel parce
> qu'il s'impose, impose son style... de façon totalement involontaire.

Bonjour,

j'y mets mon grain de sel ou sable c'est selon,

Méprise : l'art n'en a pas l'air (et ceci de façon appuyée depuis
l'invention du ready-made). Un artiste échappera au jugement, c'est
l'exercice même de son art. Plus cet échappée belle sera manifeste, plus
 son exercice sera artistique.
Ainsi, par exemple, il y a art véritable de la table (pas forcément
celle des étoiles michelin, mais celle de la servir au quotidien, hors
la surveillance et la démonstration culturelle).

Il y a conflit entre connaissance et reconnaissance.
de la même façon qu'entre le sentiment et le ressentiment.

Il faut, à un moment de sa pratique, choisir.
Non pas que la reconnaissance soit une mauvaise chose, mais ce n'est pas
une action directe de l'exercice, ni une volonté ni un but, ni même une
chose espérée. C'est indirect et quand ça arrive, c'est terrifiant (une
terreur culturelle pour tout dire, certains ont passé l'arme à gauche
quand s'est venu).

Quant au ressentiment, oui, il s'impose sous figures de style. Jamais
une forme ne peux s'imposer : elle se pose, ensuite, c'est affaire de
perception et responsabilité du "public". A lui de voir, à lui
d'entendre, à lui de prendre et comprendre. Comprenne qui pourra. Rien
ne peut obliger au sentiment.

La course à la reconnaissance crée du ressentiment : la connaissance
(des formes, de l'art et de ce qui lui est afférent) s'en trouve
malmenée. Le ressentiment guide les pratiques et fait d'une création un
coup de force.

Je sais bien que tout pousse, c'est la pression, à la reconnaissance et
au ressentiment. D'ailleurs, ça fait la scène, pour ne pas dire l'obscène.

Aujourd'hui plus que jamais, l'art n'en a pas l'air et l'invisible,
l'imperceptible est son domaine. C'est logique, il est question aussi de
liberté. D'action et de penser. On n'agit pas très bien et on ne pense
pas très bien sous la surveillance, quand bien même serait-elle
bienveillante.

Pour en venir à la question hacker/artiste : oui, il y a rapport et
c'est celui du bricolage tel qu'à pu le décrire Levy Strauss et De
Certeau (cf : "les arts de faire, l'invention du quotidien tome 1")

Ca m'est sauté aux yeux en lisant le "how to becomme a hacker" d'Eric
Raymond que je me suis amusé à transcrire en "Comment devenir un
artiste" http://antomoro.free.fr/artiste.html

Qu'il y ait rapport ne veut pas dire qu'il y a fusion, ce serait
confondre. Simplement dire que ce qui fait l'art procède d'une certaine
beauté du geste, une éthique de la forme.
Je mettrai 2 pôles dans cette es-éthique:
un pôle sud : le visage de Lévinas (cf "éthique et infini")
un pôle nord : le corps à corps de Sade (cf "les 120 journées")

Pour dire que ça excède la simple morale de la même façon que toutes
pratiques qui se réclament d'un art certain excèdent les croyances en
cet art même.

Alors, trouver des définitions (artiste, hacker) qui balisent ce à quoi
on peut porter crédit... Mieux vaut découvrir l'indéfini et l'art qui
met en forme. On en a pour son argent.

Vou pourrez lire un texte qui exprime bien cette indéfinition (connexe à
la dé-définition de l'art de Rosenberg) que j'ai écrit sur la demande de
framasoft : "qu'est-ce que l'art libre ?"
http://www.framasoft.net/article4168.html


amicalement

-- 

antoine