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Re: [Fsfe-france] Industrie musicale : la guerre est ouverte


From: Manuel Leclerc
Subject: Re: [Fsfe-france] Industrie musicale : la guerre est ouverte
Date: Mon, 24 May 2004 15:57:47 +0200

[je viens d'avoir avec jean-baptiste une série d'échanges
 par mail privé à propos du copyright, du P2P, toussa. Je
 souhaite maintenant replacer la discussion dans la liste]

jb soufron a écrit :

> [LE PEER TO PEER FACE A LA LOGIQUE DU DROIT D'AUTEUR.
>  VERS LA NECESSAIRE RECONNAISSANCE DU DROIT DU PUBLIC]
>
> http://soufron.free.fr/soufron-spip/rubrique.php3?id_rubrique=11


J'aurais beaucoup à dire sur ce texte. Je ne suis pas d'accord
sur plusieurs points, mais je vais essayer d'aller à l'essentiel.

Je ne suis pas d'accord avec la vision qui consiste à dire que
le monopole est en partie justifié par la rémunération des frais
de copies/distributions. Pour moi, le prix du papier, le prix
de l'encre, le prix du plastique, des bandes magnétiques, ou
tout autre coût intervenant dans le processus de fabrication ou
de distribution des "exemplaires" est complètement hors sujet.

Le coût d'une oeuvre est celui de l'exemplaire original. Toute
réflexion sur l'intérêt de la société et du public doit inclure
une étude sur les conditions de production des oeuvres. Je trouve
un peu comique de lire des pages et des pages sur la technologie
P2P, le SETI, l'Internet et quasiment RIEN sur l'économie de la
production des oeuvres.

La façon, simple, dont je vois les choses est la suivante : l'immense
majorité des oeuvres qui existent aujourd'hui existent parce que des
capitaux ont été investi. Le métier d'éditeur, ou de producteur, est
comparable à celui d'investisseur en capital risque. Il s'agit de faire
10 paris, d'en perdre 9 et d'en gagner 1. Normalement, les gains sur le
pari gagné sont supérieurs aux pertes sur les paris perdus. Le bilan
est AUSSI que 10 oeuvres ont été produites. Oui, je sais, je résume.

Si tu supprimes l'unique source de revenu, payer pour voir, payer
pour entendre, payer pour lire, tu vas bien entendu faire faire
un pas de géant à la société, puisque plein de choses qui étaient
payantes vont devenir gratuites. Bravo. Mais tu sembles ne te poser
aucune question sur les conséquences en termes de production.

Je maintiens ce que je t'ai déjà dit : ton soit-disant progrès de
la société va aboutir à ce que les oeuvres ne soient plus financées
par des capitaux rémunérés par les ventes directes, mais par autre
chose (bénévolat, mécénat, sponsoring, fond public, rémunération
par produits dérivés, etc.). Je n'aime pas ça.

En ce qui concerne la solution au problème, ça m'embête un peu
de devoir en arriver là, mais je n'arrive pour l'instant pas
à imaginer autre chose que la solution "évidente" : la
rematérialisation (aka DRM). Le problème, c'est les effets de
bords, bien pénibles. D'où mon énervement quand je lis la
prose des jusqu'au-boutistes, qui à mon avis :

- soit ne voient pas plus loin que le bout de leurs nez, justement
- soit ont parfaitement compris, mais souhaitent vraiment une
  sorte de révolution dans le domaine.

Les premiers devraient, entre autre, comprendre qu'ils vont
provoquer une réaction violente, et qu'ils vont donc
aggraver les effets de bords néfastes. Cette réaction, j'en
approuverai le principe, sur le fond, et je ne serais pas le
seul : il faut _arrêter_ de croire que toute personne qui
voit dans le piratage par P2P un vrai problème, n'est qu'un
suppôt des majors ou un imbécile.

Les seconds devraient être plus explicites, question
d'honnêteté à mon humble avis, et décrire complètement
le genre de société à laquelle ils pensent, quand ils
souhaitent la dé-financiarisation de tout ce qui est
numérisable.





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