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Re: [Fsfe-france] Arrêt de cour de cassation 30 mai 2006 erratum


From: Thibault Grouas
Subject: Re: [Fsfe-france] Arrêt de cour de cassation 30 mai 2006 erratum
Date: Thu, 15 Jun 2006 16:19:04 +0200

Bonjour,

Selon moi, cet arrêt constitue un parfait exemple d'un arrêt de principe : c'est un arrêt de cassation, et il est relativement court. Il n'y a pas "d'arrêt de procédure" : la Cour de cassation répond à des questions juridiques posées par les pourvois qui lui sont soumis. Les juges du fond sont compétents sur les questions d'espèce et de procédure.

La question qui est posée ici est de savoir s'il est possible de faire usage de l'exception pour copie privée de l'article L.122-5 lorsque la source de la copie est illicite. La Cour répond de façon très claire à cette question dans son attendu de principe, et affirme que la source de la copie doit être licite pour bénéficier du droit d'en faire une copie. Une copie "licite" est une copie faite avec l'autorisation expresse des titulaires de droits ou des auteurs d'en faire copie.

« Mais attendu qu'en se déterminant ainsi, sans s'expliquer sur les circonstances dans lesquelles les oeuvres avaient été mises à disposition du prévenu et sans répondre aux conclusions des parties civiles qui faisaient valoir que l'exception de copie privée prévue par l'article L. 122-5, 2°, du code de la propriété intellectuelle, en ce qu'elle constitue une dérogation au monopole de l'auteur sur son oeuvre, suppose, pour pouvoir être retenue, que sa source soit licite et nécessairement exempte de toute atteinte aux prérogatives des titulaires de droits sur l'œuvre concernée, la cour d'appel n'a pas justifié sa décision ; »

Outre la formulation très claire de la Cour de Cassation, la portée de cet arrêt est considérable, car elle ne fait référence à aucun champ d'application particulier. Elle est donc applicable à toute la copie privée. Cette décision vise donc tout d'abord à couper court au courant jurisprudentiel qui avait tendance à reconnaître que la copie privée était applicable par le biais des réseaux d'échanges peer-to- peer. Désormais, le peer-to-peer est clairement exclu du domaine de la copie privée.

En l'espèce, la Cour est limitée par l'article 593 du Code de procédure pénale, qu' elle vise à dessein dans son chapeau, et ne peut rendre une décision sur le fond. Elle demande donc à la Cour d'appel de se pencher sur la licéité de la source de la copie, mais comme celles-ci sont illicites, la solution de la Cour d'Appel est toute prévisible.

A moins qu'il n'y ait rébellion des juges d'appel et un nouveau pourvoi en cassation, ce qui m'étonnerait. Beaucoup de juristes attendaient en effet une telle décision, qui statue sur la source de l'oeuvre, étant donné les écarts parfois dramatiques entre des décisions rendues sur les mêmes faits en espèce.

Voilà ma lecture de l'arrêt du 30 mai, j'espère que ces quelques réflexions vous auront éclairé,

Cordialement,

Thibault Grouas.

Le 15 juin 06 à 10:35, address@hidden a écrit :


http://www.juriscom.net/jpt/visu.php?ID=830

Rassurez-vous ne comprenez pas cet arrêt comme imposant une "copie d'une source licite" pour que l'exception de copie privée soit valablement invoquée, mais il s'agit d'un simple arrêt de procédure, les juges-conseilles d ela cour d'appel de Montpellier n'ayant pas répondu aux moyens des appelants selon lesquels la source devait être licite.

Bonne journée
_______________________________________________
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